Après six mois d’investigation, la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic en France, présidée par le sénateur Jérôme Durain (groupe Socialiste écologiste et républicain), a rendu ses conclusions mardi 14 mai 2024. Le rapport de la commission dresse un état des lieux inquiétant, assorti de propositions de réforme.
Ce travail des sénateurs met en évidence le danger lié à la croissance exponentielle du trafic de stupéfiants. L’existence d’une véritable contre-société dotée de règles propres menace aujourd’hui la stabilité des institutions. La terreur qu’elle instaure et sa puissance financière lui garantissent le soutien résigné ou volontaire de populations abandonnées à leur sort.
À de multiples reprises au cours des dernières années, lors de réunions d’élus locaux dans le Gers, le sénateur Montaugé a attiré l’attention des pouvoirs publics pour que le Gers ne soit pas écarté des dispositifs de lutte contre les trafics et que les moyens soient donnés en conséquence à la police nationale et à la gendarmerie.
Le rapport du sénat confirme que le trafic ne se cantonne pas aux quartiers périphériques des grandes agglomérations et qu’il s’étend aussi dans les « zones rurales et les villes moyennes », où il finit par imposer ses codes. Base de repli et de stockage mais aussi secteur de conquête commerciale, cet arrière-front connait dorénavant des manifestations de violences extrêmes.
Les membres de la commission d’enquête ont émis des propositions pour répondre à trois priorités majeures :
- donner un rôle clair à chaque acteur et doter les « chefs de file » de l’autorité requise pour exercer pleinement leurs missions. Tel sera le rôle de l’Office anti-stupéfiants rénové, véritable « DEA à la française » qui sera placée en surplomb des services qu’elle coordonne, et du futur parquet national antistupéfiants (Pnast) ;
- mettre la procédure pénale à la hauteur des enjeux, sans renoncer au nécessaire équilibre entre sécurité et liberté, entre judiciaire et renseignement, entre prise en compte des besoins opérationnels des acteurs de l’enquête et respect des grands principes de notre droit pénal, les renforts en effectifs réclamés par la commission d’enquête pouvant aisément être financés grâce aux mesures qu’elle propose pour mieux identifier – et donc mieux confisquer, au bénéfice du budget de l’État – les avoirs criminels ;
- lutter de manière résolue contre toutes les formes de corruption grâce auxquelles le trafic abîme et déstabilise les institutions des pays qu’il cible pour mieux s’en emparer.
Consulter ICI le détail des propositions de la commission d’enquête.
Lors de la séance de questions d’actualité au gouvernement du mercredi 15 mai 2024, Jérôme Durain a interrogé Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, sur les mesures qu’entend prendre le Gouvernement pour lutter contre les narcotrafics.