Invité, ce week-end, à s’exprimer lors des cérémonies du vingt-cinquième anniversaire du jumelage entre les villes d’Auch et de Memmingen (Bavière), le sénateur-maire d’Auch Franck Montaugé a défendu l’idée d’une Europe forte, qui protège les peuples. « Au moment de la rédaction de ce discours, je ne savais pas que l’Allemagne serait touchée à de multiples reprises par des attentats terroristes, et que mon pays, la France, serait encore profondément meurtri par des actes de même nature », dit-il, s’adressant à Ivo Holzinger, le maire de Memmingen. « Avec vous tous ici, je veux dire notre compassion à l’égard des victimes, de leurs familles et de leurs amis et, dans le même temps, notre détermination infaillible à triompher de la haine et de l’obscurantisme. »
« L’histoire démontrera que nous avons su unir nos forces et donner le meilleur de nous mêmes pour que la concorde universelle triomphe de la barbarie », ajoute Franck Montaugé pour qui « les événements terribles du XXe siècle nous rappellent que la Paix et l’Amitié entre les peuples constituent l’horizon de toute politique responsable ».
Faisant le constat que l’Europe rêvée de Robert Schuman est en panne, que les peurs, les doutes et les égoïsmes nationaux mettent à mal le sentiment d’appartenance à l’Union, le sénateur du Gers nous invite « à réinterroger les voies et moyens que nous avons pris depuis quelques décennies pour répondre aux objectifs ambitieux de la construction européenne ».
« Quelle Europe veut-on? Et avec qui? Il faut la défendre pour ce qu’elle est: un espace de paix, de solidarité et d’avenir », dit-il, en appelant à un sursaut. « Nous devons nous obliger sans tarder, avec nos gouvernants, à une lucidité exigeante. Regardons en face la montée régulière, depuis au moins une décennie, du populisme. L’Europe doit se concentrer sur la sécurité, le contrôle des frontières extérieures, la lutte contre le terrorisme, la défense de notre continent car les citoyens veulent d’abord être protégés. Nous devons également bâtir une Europe puissante autour de la croissance, des investissements et de l’emploi dont la jeunesse doit être au plus tôt la première bénéficiaire. La zone Euro ne peut être qu’une addition de règles et de disciplines. Elle doit porter des politiques communes en faveur de la préparation de l’avenir », dit-il encore.
« L’Europe doit retrouver confiance dans son avenir et susciter de nouveau l’espérance »
Pour Franck Montaugé, « une nouvelle impulsion est nécessaire et, à cet égard, le couple franco-allemand a une responsabilité particulière. Les élections françaises et allemandes de l’an prochain ne doivent pas retarder la prise d’initiatives fortes. Nos peuples respectifs pourront d’ailleurs, à l’occasion de ces consultations démocratiques majeures, se prononcer sur les réformes qui leur seront proposées. »
« Le prochain grand rendez-vous, un sommet spécial, se tiendra à Bratislava en septembre prochain. Des décisions concrètes devront être prises pour la sécurité, la croissance et les jeunes. Le 60e anniversaire du traité de Rome, en mars 2017, devra être l’occasion d’illustrer l’unité des Européens autour de cette nouvelle impulsion. Ceux qui répondent à la crise par la tentation du repli sur soi font fausse route et ne font qu’attiser le nationalisme en Europe. C’est donc une œuvre de refondation profonde que nous devons appeler de nos vœux, un nouveau contrat pour les Européens, pour une Europe des projets plutôt qu’une Europe de la sanction. »
« Le projet européen est à reconstruire et le dépassement des égoïsmes nationaux, dans l’intérêt même des Etats membres, reste la grande question qu’il nous revient de traiter. Pour être utile aux générations futures, il nous faudra aussi, en prenant tout le temps nécessaire, engager le débat de la forme institutionnelle adaptée au monde ouvert d’aujourd’hui. Entre l’Europe des états-nations d’aujourd’hui et le modèle de l’État fédéral européen, n’y a-t-il pas une voie médiane qui nous permettrait de progresser au service de tous les Européens, sans laisser personne sur le bord de la route ? Une République européenne par exemple, incarnant et donnant sens concret aux valeurs humanistes qui ont trouvé leurs sources dans l’Antiquité et tout au long des deux millénaires qui ont suivi. Un travail et un devoir éminemment politiques donc ! Et peut-être davantage encore, un devoir de civilisation ! Osons le mot ! »
Evoquant les 25 ans de jumelage qui unissent les deux villes d’Auch et Memmingen, Franck Montaugé a souligné l’importance pour l’Europe d’entretenir et de développer les liens d’amitiés ainsi noués: « Parce que le sentiment d’appartenance à l’Union européenne ne se décrète pas, il est de la responsabilité immédiate et permanente de chacun d’entre nous de le susciter, de l’entretenir, afin de créer une réelle citoyenneté européenne », dit-il. « Depuis 25 ans, une multitude d’initiatives, d’échanges ont rapproché nos deux villes, nos deux populations mais plus largement aussi, nos deux cultures et nos deux pays. Depuis 25 ans, lors de chacune de nos visites à Memmingen et vos déplacements à Auch, c’est notre attachement à l’Europe que nous affirmons ensemble. Auprès de vous, nous nous sentons toujours un peu plus européens, les frontières s’effacent, nos nations apprennent à se connaître, à s’apprécier et à se respecter. »
Franck Montaugé a rendu un hommage appuyé à tous ceux qui ont œuvré, œuvrent et œuvreront encore au dynamisme de ce jumelage, citant notamment les noms de Jean Laborde, ancien député-maire d’Auch qui a beaucoup oeuvré, ainsi que les deux maires suivants, ses prédécesseurs Claude Desbons et Claude Bétaille. S’adressant au maire de Memmingen, Ivo Holzinger, qui va prochainement mettre un terme à son engagement public, Franck Montaugé a salué « un très grand maire », « un Européen exemplaire », une personnalité « pétrie d’humanisme », qui a su rassembler au-delà de ses options politiques personnelles, qui a su fédérer et « construire la confiance indispensable à une action publique efficace dans la longue durée et comprise de tous parce qu’au bénéfice de tous ».