Mercredi 8 avril, le bureau de la commission des Affaires économiques et le bureau de la commission de l’Aménagement du territoire et du développement durable du Sénat ont auditionné M. Philippe Wahl, président-directeur général de La Poste, pour faire le point sur l’incidence de la crise du Covid-19 sur l’activité des services postaux et bancaires, dans le cadre du respect, par le groupe, de ses obligations de service public.
Dans la question qu’il lui a adressée, le sénateur Franck Montaugé lui a fait part « du peu de considération dont a fait montre jusqu’ici son organisation à l’égard de ses usagers-clients les plus modestes et les plus isolés, ainsi que des élus qui les représentent en relayant les difficultés constatées. Comment comptez-vous rapidement changer votre organisation sur les territoires ruraux, tout particulièrement ? », a demandé le sénateur du Gers.
Alors que les sénateurs des deux commissions ont appelé La Poste à faire davantage d’efforts pour rouvrir le maximum de bureaux de postes, en priorité dans les zones les plus fragiles, rurales ou “Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV)”, en concertation avec les élus locaux et en préservant la santé des postiers. M. Wahl a annoncé qu’à la fin de la semaine, 2 500 bureaux de postes seraient ouverts, et 5 000 à la fin du mois d’avril.
Il a également souligné que contrairement à d’autres postes européennes, l’entreprise a fait le choix de limiter le nombre de bureaux ouverts mais avec une amplitude horaire importante plutôt que d’ouvrir un maximum de bureaux mais selon des horaires d’ouverture limités à trois heures. Répondant aux critiques, il a affirmé que “le rural sera une priorité très importante de notre dispositif”. Il a sollicité les maires, en relation avec l’AMF, pour la réouverture concertée des bureaux de poste communaux et éventuellement pour que des solutions de garde d’enfants soient proposées pour le personnel de La Poste, une large part de l’absentéisme des postiers y étant liée.
Les sénateurs ont demandé dans leurs interventions que la presse soit distribuée plus régulièrement, et non pas trois jours d’affilée, afin que tous nos concitoyens aient accès à l’information. La distribution de la presse devrait être rétablie quatre jours par semaine et de nouveau assurée sur cinq jours la semaine du 20 avril. La question de la distribution du courrier a également été évoquée, le choix de recourir à trois jours successifs posant des problèmes aux entreprises et aux particuliers.
Après la sécurisation de la santé de leurs salariés, la priorité a d’abord été donnée, selon M. Wahl, à l’accès aux espèces et en premier lieu au versement des prestations sociales en fin de semaine dernière. Sur ce sujet également, les sénateurs ont regretté une insuffisante prise en compte des assurés fragiles résidant dans les territoires ruraux.
Sur les activités ne faisant pas partie de ses missions de service public, le président Wahl a rappelé que la décision a été prise de maintenir la distribution de médicaments six jours sur sept et de rendre gratuit le service « Veiller sur mes parents ». S’agissant du colis, interrogé sur la distinction entre les colis essentiels et non essentiels, le président de La Poste a affirmé : “Je ne ferai pas la morale des colis”, et rappelé que le service, bien que dégradé, est toujours actif, selon des modalités adaptées (“sans contact”).
Interrogé sur la polémique naissante sur le “stock caché” de masques, M. Wahl a répondu que “les masques n’ont jamais été cachés et font partie du stock normal d’une entreprise stratégique. Les syndicats sont au courant depuis janvier. Nous avons cherché à réagir en protégeant nos postiers et nos clients dans une situation sans précédent.” Il a également précisé que ces stocks ont été partagés avec d’autres services publics.
“J’attends de La Poste qui a un rôle essentiel à jouer en temps de crise, qu’elle mobilise tout son réseau, notamment dans les zones rurales où le besoin de service public est particulièrement important”, déclare le sénateur Franck Montaugé. “Nous devrons tirer en temps utiles tous les enseignements de cette crise sans précédent pour revoir le maillage territorial de nos services publics”, dit-il.