Au lendemain du 1er mai, le sénateur du Gers Franck Montaugé était invité à commenter l’actualité dans l’émission “Territoire Sénat”, sur la chaîne Public Sénat. Voici le résumé de ses interventions:
Sur la manifestation du 1er mai: “J’ai plutôt l’impression que ça a été une réussite avec environ 300000 manifestants au niveau national. Il n’en reste pas moins que les difficultés sont là pour défiler dans le calme et la sérénité. Le Gouvernement jouait gros sur une de ses missions régaliennes, la sécurité. Je crois que les choses ont été mieux maîtrisées qu’au cours des mois passés, mais il n’en reste pas moins qu’il faut être capable d’assurer la liberté de manifester dans le calme et la sérénité.”
Sur un nouveau texte anti-black blocks conforme à la constitution: “Je pense que passer par la loi n’est pas la meilleure des choses. Il est difficile d’envisager de dissoudre un mouvement qui n’a pas de consistance, ce sont des individus, ils ne sont pas structurés, pas organisés. Je pense qu’il faut effectivement prendre des précautions en matière de prévention et moi j’ai plutôt tendance à considérer que le Gouvernement est allé dans ce sens-là avec quelques résultats plutôt positifs au regard de ce qui s’est passé hier. Alors faut-il poursuivre au plan législatif? Je pense que les lois ne sont pas toutes de nature à régler ce type de problème. Il s’agit plutôt d’organisation et d’efficacité d’organisation de nos forces de police et de sécurité que je veux saluer pour le travail qui a été le leur hier.”
A propos du calendrier parlementaire très chargé: “Oui je pense qu’on va avoir beaucoup de travail jusqu’à la rentrée prochaine. Je me réjouis d’une certaine manière que le PR soit revenu à une meilleure considération des corps intermédiaires avec la conférence que proposait par exemple Laurent Bergé de longue date, je trouve que c’est un peu tard, je crois vraiment qu’il y a eu mésinterprétation de la situation sociale du pays et du pays profond en particulier, des territoires ruraux notamment dont les habitants sont à la peine. On parle d’un acte de décentralisation, mais qu’est-ce qu’on y met dans cette décentralisation? Avec quels moyens? L’idée d’y associer les citoyens je partage tout à fait, c’est absolument nécessaire, mais moi je ne voudrais pas que par rapport à ces difficultés nationales, tout échoit et retombe sur le dos s’y j’ose dire des élus locaux, des maires en particuliers qui font un travail extraordinaire et que moi je veux saluer parce que c’est eux aujourd’hui qui font d’une certaine manière tenir la démocratie.”
A propos du financement des réformes: “Avec les décisions prises au mois de décembre dernier on parle de 10 milliards d’euros, 7 milliards se rajoutent, Jean Pisani-Ferry parle de 20 milliards à l’horizon 2021, on est dans des valeurs qui remettent en question la trajectoire d’équilibre budgétaire sur laquelle s’était engagé le Gouvernement et on est dans le flou, dans un flou profond. Comment va-t-on financer des mesures? Nous n’en savons rien à ce stade et c’est inquiétant. C’est inquiétant pour notre pays d’abord et aussi au regard de nos partenaires européens.”
A propos de l’évaluation des politiques publiques: “C’est un de mes sujets de prédilection, les parlementaires sont attendus constitutionnellement sur le vote des lois, le contrôle du Gouvernement et l’évaluation des politiques publiques. On constate régulièrement que les lois sont votées sans forcément être complètement appliquées et après, il y a la question de l’efficacité de la loi elle-même par rapport aux objectifs fixés initialement et la question de l’efficacité des politiques publiques, je pense que c’est un sujet institutionnel majeur et que nous avons, nous parlementaires, députés et sénateurs, beaucoup de progrès à faire en la matière, il faut monter en compétence, il faut s’adjoindre des ressources scientifiques, universitaires etc. pour pouvoir objectivement analyser l’efficacité du travail qui est le nôtre, nos concitoyens nous attendent aussi sur des points techniques comme celui-là.”
A propos de la Politique agricole commune: “D’abord la question du revenu agricole est posée. La loi Egalim qui a fait suite aux Etats généraux de l’alimentation n’a pas, à ce stade en tout cas, réglé grand chose, on l’a vu avec les récentes négociations commerciales. Donc la question du revenu agricole reste posée. Evidemment la PAC est un des déterminants importants du revenu agricole, donc il faut répondre à cette attente-là et il faut aussi préparer et transformer notre agriculture pour la rendre compétitive et aussi qu’elle réponde aux attentes de la société qui sont nombreuses en matière de qualité alimentaire et d’environnement.”
A propos de la commission d’enquête sur la souveraineté numérique que va présider Franck Montaugé: “Le législateur s’adapte régulièrement aux évolutions de la société et aux évolutions techniques de la société en particulier. On est typiquement dans ce cas avec un domaine qui est en train de transformer profondément nos sociétés et nos façons de vivre. Aujourd’hui et plus encore demain, il nous faut légiférer sur cette question-là et appréhender les impacts du numérique sur la souveraineté nationale, c’est un point absolument essentiel pour l’avenir de notre pays.”
A propos de la mobilité dans le département du Gers: “Je travaille beaucoup sur cette question et de longue date. Auch dont j’ai été le maire, chef-lieu du département du Gers, est le dernier chef-lieu à ne pas être relié par une deux fois deux voies avec Toulouse, la métropole régionale. Le train ne fonctionne pas d’une manière satisfaisante, pas plus que nous n’avons de liaison avec Agen. La question de la mobilité dans le Gers et dans les territoires ruraux est vraiment un sujet majeur qui a été d’ailleurs un des motifs de mobilisation du mouvement des Gilets jaunes. On n’a aucune garantie par exemple aujourd’hui, et j’ai interpellé la ministre des Transports Elisabeth Borne à l’occasion de la discussion de la loi LOM (1), sur la finalisation et le calendrier de la fin de réalisation de cette mise en deux fois deux voies. C’est un sujet absolument essentiel et je soutiens l’association qui se mobilise pour pousser dans le bon sens auprès des pouvoirs publics, ce sont les pouvoirs publics qui, aujourd’hui, sont maîtres du calendrier et du financement de ces travaux absolument indispensables.”
Revoir ici l’émission dans son entier
1- Projet de loi d’orientation des mobilités