Le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) s’apprête à lancer son deuxième plan « Performance industrielle dans l’aéronautique ». Cette opération, organisée à l’échelle nationale, est déclinée par voie de contractualisation dans chacune des treize régions françaises. L’objectif est d’aider les entreprises de la supply chain (la chaîne d’approvisionnement) d’Airbus à améliorer leurs performances dans le but de permettre à l’avionneur européen de conserver sa place de leader mondial. Deux axes de progrès ont été identifiés et sont particulièrement ciblés: la livraison à l’heure (OTD, pour On time delivery) et le respect du niveau de qualité requis.
La région Occitanie, l’une des premières de France à avoir signé sa convention avec le Gifas, finance à hauteur de 50% le volet accompagnement des PME. « Nous avons la chance d’avoir une filière aéronautique qui nous donne une visibilité mondiale donc, nous devons être très performants dans nos dispositifs d’aides, être très agiles, réactifs, et permettre de répondre aux besoins des entreprises », a déclaré Carole Delga, la présidente de la région Occitanie. « Ce plan constitue une véritable opportunité pour la trentaine d’entreprises gersoises de la filière aéronautique », estime pour sa part le sénateur du Gers Franck Montaugé. « Aux responsabilités qui sont les nôtres, nous devons tout faire pour faciliter le développement d’une industrie porteuse d’emplois et qui peut trouver, dans des départements ruraux comme le nôtre, en périphérie de la métropole toulousaine, de vraies opportunités. »
« Les départements ruraux ne sont pas des lieux de low cost mais bien des lieux de best cost » avait notamment déclaré Franck Montaugé le 12 mai 2015 à la tribune du Sénat, lors de son intervention dans le cadre du débat sur l’avenir industriel de la filière aéronautique et spatiale face à la concurrence. (voir la vidéo ici)
«Notre filière PME France est à la croisée des chemins », a notamment expliqué Christophe Cador, le vice-président du comité Aéro-PME du Gifas lors de la journée organisée au conseil régional par Madeeli, l’agence de développement de la région Occitanie. « On ne doit pas rater cette période. Les PME, en responsabilité, ont conscience de cette situation et ont décidé de se remettre en cause en réfléchissant à la manière de s’améliorer pour conserver les parts de marché. L’objectif, dit-il, est que les Airbus fabriqués demain le soient avec le maximum de pièces françaises. »
Les enjeux de la filière ont été résumés lors de cette même journée par Didier Katzenmayer, le directeur aux affaires industrielles d’Airbus. « Nous sommes, dit-il, dans une industrie de croissance avec quatre éléments importants :
- Le trafic passagers a tous les indicateurs d’une tendance positive +4,5% de croissance
- Besoin de renouvellement flotte est estimé à 30600 avions
- Marché de 5000 milliards de dollars
- L’économie de carburants est un driver important
En outre, il est à noter que malgré les crises, le trafic aérien a doublé tous les 15 ans et doublera encore tous les 15 ans. Pour Airbus, l’année 2016 aura été une année record: 688 appareils ont été livrés dont 111 machines sur le seul mois de décembre. 731 commandes nettes ont été enregistrées. Il y a actuellement 6874 appareils en commande. Les livraisons des A 350 ont été multipliées par 3,5. La part de marché d’Airbus est passée de 19% en 1995 à 52% en 2016. « On a un produit et on a un marché, résume Didier Katzenmayer. Aujourd’hui, dit-il, on prépare l’avenir sur des nouveaux concepts de propulsion, des structures adaptatives de nos cellules, des nouveaux services aux passagers et de gestion de missions en vol et au sol. »
Aujourd’hui installé à la place de leader mondial de l’industrie aéronautique, Airbus est confronté à la pression que subit tout champion dont la place est convoitée par une concurrence qui ne cesse de monter en gamme, le tout dans un contexte où la cadence de production augmente de manière exponentielle. Pour conserver sa place de numéro 1, l’avionneur européen qui s’est positionné comme un « architecte intégrateur » au centre d’une galaxie d’entreprises sous-traitantes, a pour stratégie de faire progresser vers le meilleur niveau d’excellence tous les maillons de sa supply chain. C’est le sens du « Plan performance industrielle dans l’aéronautique » dont le deuxième volet va se dérouler de 2017 à 2020.
Le principe du Plan performance industrielle est le suivant : des PME sont agrégées en « grappes » autour d’une « tête de grappe ». La tête de grappe est un sous-traitant désigné comme tel. Le rôle de la tête de grappe est de manager les membres de sa grappe pour les aider à atteindre les objectifs du plan. Cette méthode de management a aussi pour objectif de permettre à tous les acteurs s’approprier un langage commun et de développer des solidarités autour d’un donneur d’ordres (la tête de grappe). Les entreprises engagées dans la démarche bénéficient d’un diagnostic de maturité industrielle, d’un accompagnement pour la mise en route du plan d’action découlant du diagnostic et d’un plan de formations associées. La première phase du plan s’est déroulée entre 2014 et 2017. 401 entreprises constituant 69 grappes autour de 69 donneurs d’ordres y ont participé. En moyenne, les participants ont gagné dix points d’amélioration de performances.
Lors de la première phase du plan (2014-2017) dans la région Occitanie, 16 grappes ont été mises en œuvre autour d’autant de donneurs d’ordres (Airbus, Safran, Ratier-Figeac, Latécoère, ATR, Cousso, etc.). « En tout 76 entreprises ont bénéficié du projet. Cela s’est traduit pour elles par un gain de 17 points de maturité industrielle. Les retards ont été réduits de 55%. La non-qualité des produits livrés a été réduite de 54% (passant de 0,6 à moins de 0,3%). Le taux de satisfaction des entreprises participantes est supérieur à 97%. Ces niveaux de résultats sont supérieurs à la moyenne nationale », indiquent les responsables du Gifas.
Le lancement de la phase 2 du plan « Performance industrielle dans l’aéronautique » sera officialisé au prochain salon du Bourget. L’objectif de ce deuxième plan est d’engager 325 PME dont 50% de nouvelles (c’est-à-dire qui n’ont pas participé à la phase 1). 54 grappes doivent être constituées. Cela représentera 6000 jours de consultants et 2600 jours de formation. En tout, cela représente 37 jours d’accompagnement par entreprise participantes. Le deuxième objectif est d’organiser des grappes multirégionales. Cela implique de devoir coordonner le démarrage du plan dans toutes les régions. Dix régions sur treize sont prêtes. La région Occitanie est l’une des premières à avoir signé sa convention. A ce jour, 52 têtes de grappes ont été identifiées, 300 PME ont été proposées et sont éligibles, quatre grappes ont déjà démarré dont deux en Occitanie (Ratier-Figeac et Airbus).
En Occitanie, les objectifs sont d’impliquer 50 PME/ TPE. 11 grappes ont déjà été lancées dans la région. L’ensemble des grappes démarreront d’ici septembre 2017 pour finir au plus tard en septembre 2020. Chacun définit ses objectifs en fonction de son diagnostic. Objectif pour tous : gagner 10 à 15 points de maturité industrielle.
Téléchargez ici le discours de Franck Montaugé sur l’avenir de la filière aéronautique
La filière aéronautique dans le Gers
Autour d’un noyau dur de quinze entreprises dont la plupart sont impliquées dans la supply chain d’Airbus, le cercle élargi des entreprises liées à l’économie de l’aéronautique est fort d’une trentaine d’entreprises. Parmi elles, on peut citer le groupe Amac spécialisé dans l’aménagement d’avions de luxe et qui a repris il y a peu à Auch les activités de JCB Aéro. Très impliqué, aux côtés de la CCI du Gers, dans le soutien aux entreprises sous-traitantes gersoises, Franck Montaugé s’est rendu le 12 avril 2017 sur la plate-forme aéroportuaire de Bâle-Mulhouse où est installé Amac Aérospace, grande entreprise qui est aujourd’hui dans le top 3 mondial des activités de services d’aménagement et de maintenance des flottes privées. JCB Aéro, implanté sur l’aéroport Auch-Gers depuis 2013, a été racheté en mai 2016 par AMAC Aérospace. A l’occasion de sa rencontre avec M. Philippe Schurrer, dirigeant d’Amac Aérospace, le sénateur Montaugé a pris connaissance des projets et problématiques qu’il pourrait soutenir et accompagner pour contribuer au développement de l’activité de JCB Aéro.
Toujours dans le secteur élargi de l’industrie aéronautique, citons également l’entreprise Erme, spécialisée dans la fabrication de machines agricoles mais qui a diversifié une partie non-négligeable de la production en mettant au point des remorques de transport pour moteurs d’avions Airbus, Malibos aviation, spécialisée dans la maintenance d’avions de tourisme à Nogaro, ou encore le centre de formation de pompiers d’aéroport Eforsa qui, par le nombre des stagiaires qu’elle accueille chaque année à Auch contribue à dynamiser l’économie locale. A côté des poids lourds de la sous-traitance aéronautique que sont les entreprises Cousso, Lauak, Excent, Alisaéro, Latécoère, Equip’aéro ou Air Cost Control, l’industrie aéronautique fait aussi travailler des structures telles que l’entreprise de mécanique de précision Hueso, à Nogaro, ou l’entreprise Schaerer à Aignan.