Répondant à une question du sénateur du Gers Franck Montaugé sur la recherche et le développement en matière de transports du futur, notamment pour désenclaver les zones rurales et améliorer leurs liaisons aux métropoles, le Pdg d’Alstom Henri Poupart-Lafarge, auditionné le 8 février dernier par la commission des affaires économiques du Sénat, a dit ses espoirs dans le domaine de la digitalisation des transports et dans la multimodalité.
« La question des déplacements intrarégionaux est une question centrale d’aménagement du territoire national » explique le sénateur du Gers évoquant « les territoires ruraux, qui sont parfois loin des métropoles, qui n’ont pas la chance d’être à proximité d’une ligne à grande vitesse et donc d’en bénéficier en terme de développement. Constatant que certains pays s’intéressent à des technologies très innovantes comme le Sky tran développé aux Etats Unis par la Nasa (lire ici), Alstom s’intéresse-t-elle à de nouveaux modes de transports sur des technologies en rupture profonde avec ce que l’on connaît aujourd’hui? » interroge Franck Montaugé pour qui « ces questions peuvent avoir un impact énorme sur le développement de nos territoires ruraux en particulier ».
Dans sa réponse, Henri Poupart-Lafarge s’est montré sceptique quant aux pistes étudiées, notamment aux Etats Unis et en Israel dans le domaine de la sustentation magnétique. Mais il a dit sa confiance dans l’avenir du transport ferroviaire: « Le contact rail-roue est extrêmement efficace, dit-il. Il n’y a qu’un centimètre carré de la roue qui touche le rail, donc quand vous avez un train avec une quarantaine de roues, vous n’avez que l’équivalent d’une feuille A4 qui touche le rail. C’est pour ça que l’on n’a jamais trop cru à la sustentation magnétique parce que les trains sont déjà, quelque part, en sustentation et ont un contact très faible avec les rails. »
Pour le Pdg d’Alstom, « le cœur du transport public doit être ferroviaire car c’est le plus efficace, le plus environnemental, le plus économe en énergie. Un des obstacles au ferroviaire, dit-il, c’est le last mile (le dernier kilomètre), c’est-à-dire la manière dont vous allez de la gare à chez vous. D’où pour moi l’intérêt du développement de la voiture autonome. Aujourd’hui, le coût du ferroviaire est certes important, mais le coût du taxi si vous êtes dans une gare qui est à 50km de chez vous, c’est très compliqué aussi. On travaille beaucoup sur les questions de multimodalité, comment mieux coordonner les tramways avec les trains qui arrivent et puis demain les tramways avec la voiture autonome. »
En matière de technologies de rupture, des projets très innovants se développent néanmoins de manière concrète. Ainsi, la société américaine qui développe l’Hyperloop (lire ici) vient d’installer son centre de recherche et de développement sur l’ancienne base aérienne de Francazal. La région Occitanie et la métropole de Toulouse sont associées dans cette opération. « Pour le Gers, ajoute Franck Montaugé, si la ligne rail Auch-Toulouse doit être améliorée pour qu’il n’y ait pas que des usagers obligés qui l’utilisent (fiabilité des horaires, cadencement et durée de trajet), il est particulièrement important de préserver l’emprise ferroviaire de la ligne Auch-Agen pour que les Gersois puissent, le moment venu (et même si ce moment est éloigné), profiter des futures technologies de transport intercités. »