Le Sénat avait débattu en janvier 2019 sur la gouvernance des grands groupes coopératifs agricoles dans le cadre de la préparation par le Gouvernement de l’ordonnance relative à la coopération agricole que la loi Egalim l’a habilité à prendre contre l’avis largement majoritaire et trans-partisan du Sénat.
Le sénateur Franck Montaugé était à l’époque intervenu à la tribune pour défendre un modèle de gouvernance garant d’efficience et de démocratie au sein de ces organisations et condamner le choix du Gouvernement de passer par la voie d’ordonnances, sans consulter les parlementaires et le monde agricole.
Malgré cette mise en garde, le Gouvernement avait publié son ordonnance le 24 avril 2019. La Coopération Agricole s’était fortement mobilisée contre cette ordonnance qui prévoyait notamment l’application du dispositif de contrôle du prix convenu entre l’associé-coopérateur et sa coopérative. La profession avait alors saisi le Conseil d’Etat pour qu’il rende son avis sur ce point.
Ce 24 février 2021, le Conseil d’Etat a annulé les dispositions de l’ordonnance du 24 avril 2019 relative à la coopération agricole engageant la « responsabilité de la coopérative [pour] le fait de fixer une rémunération des apports abusivement basse ». Le Conseil d’Etat a estimé que le gouvernement n’était pas autorisé par le législateur dans le cadre de la loi Egalim ni à créer une action en responsabilité sur le modèle de celle qui existe en droit commercial, ni à étendre l’application du dispositif de cession à un prix abusivement bas aux sociétés coopératives.
Tandis que la période de négociations commerciales s’achève, le Conseil d’Etat a rendu une décision de bon sens salue Franck Montaugé. « Elle permet de préserver la singularité du modèle coopératif français fondé sur la solidarité, dans le cadre d’un modèle économique partagé et de ne pas l’assimiler à une simple relation commerciale entre deux acteurs » déclare-t-il.
A l’inverse, le Conseil d’Etat a écarté les demandes de la Coopération agricole concernant l’annulation, pour excès de pouvoir, de deux dispositions de la même ordonnance. La Coopération s’opposait à la mission confiée au Haut conseil de la coopération agricole (HCCA) d’élaborer un guide des bonnes pratiques de gouvernance des coopératives et de leurs Unions. Ainsi qu’à la modification des attributions et des modalités d’exécution de la mission du médiateur de la coopération agricole par décret en Conseil d’Etat.