Avec la présidente de la Commission des Affaires Économiques (CAE) du Sénat Sophie Primas (LR) et Amel Gacquerre, sénatrice du Pas-de–Calais (UC), le sénateur Franck Montaugé vient de présenter un rapport d’information consacré au sujet de la souveraineté économique française.
Un constat alarmant : une perte de souveraineté bien plus profonde que ne l’admet le Gouvernement.
Entre 2020 et 2022, les conséquences concrètes de la crise liée à la pandémie de Covid-19, aux tensions sur les matières premières et au conflit russo-ukrainien ont choqué les Français et pris de court le Gouvernement. Pour beaucoup, elles ont été le révélateur des faiblesses de l’économie française, découvertes soudainement à l’occasion de ces chocs majeurs. Les dépendances en matière de masques et de paracétamol en furent les illustrations les plus flagrantes.
Pourtant, au cours de la quarantaine d’auditions qu’ils ont menées auprès d’acteurs économiques, de décideurs politiques, de chercheurs et de régulateurs, les rapporteurs de la commission établissent deux constats alarmants :
- D’abord, les pénuries de produits de santé et de matières premières ne sont que la partie émergée d’un immense iceberg.
- Dans les faits, la perte de souveraineté économique progressive de notre pays depuis les années 1980(*), a fortiori au cours des années récentes, est bien plus transversale et bien plus profonde qu’on ne le soupçonne.
Elle frappe l’ensemble des secteurs (agriculture, industrie, numérique, énergie) et des thématiques (échanges internationaux, gouvernance des entreprises, données, communications, compétences) étudiés, dans des proportions rarement soulignées par les travaux préexistants consultés par les rapporteurs.
Pourtant nombre de ces dépendances et fragilités étaient connues ou dénoncées de longue date, mais se sont renforcées à la faveur de la naïveté, ou plus grave encore, de l’inaction des pouvoirs publics.
Depuis des décennies, nous avons collectivement laissé tomber notre industrie alors que des pays voisins comme l’Allemagne en ont toujours fait une priorité majeure.
En matière d’importations alimentaires, de métaux précieux, de principes actifs pharmaceutiques ou d’infrastructures numériques, ce « laissez-faire » ou ce « désintérêt » a conduit à une situation critique de grande vulnérabilité, et à une forme de captivité de nos politiques économiques, vis-à-vis d’importations désormais incontournables et d’États ou entreprises étrangers aux intérêts plus ou moins alignés avec les nôtres.
Les maigres annonces des récents « Plan de relance », « Plan de résilience » ou « France 2030 » ne concernent qu’un nombre réduit d’actions et relèvent plutôt d’un affichage politique à la faveur du regain d’intérêt pour la souveraineté que de mesures structurantes nécessaires à un véritable changement de cap.
Les 5 plans thématiques ci-après et les 50 recommandations des pages 15 à 29 du rapport d’information de la CAE du Sénat sont proposés pour reconstruire méthodiquement la souveraineté économique de la France, dans le cadre de l’Union Européenne.
Une gouvernance public-privé devra aussi être adaptée pour gagner en efficience. Les évaluations en cours de projets devront être communiquées au Parlement ainsi que les décisions qui en résultent. Notre pays doit acquérir en la matière une culture de l’évaluation des projets industriels consistante dès lors que des fonds publics sont engagés.
De manière plus détaillée ICI
(*) consacré à ce thème le récent ouvrage de Nicolas DUFOURCQ – Directeur Général de la Banque Publique d’Investissement (BPI) – « La désindustrialisation de la France » (Editions Odile Jacob).