Le sénateur Montaugé a interpellé le président d’EDF Jean-Bernard Lévy, ce matin, lors de son audition par la commission des affaires économiques. « Un regard rétrospectif sur les 15 dernières années nous amène à constater qu’EDF évolue dans le cadre d’un processus de libéralisation impensé. Impensé par l’Etat et les gouvernements qui se sont succédé, comme par les dirigeants de l’entreprise. La situation extrêmement préoccupante d’aujourd’hui nous conforte dans ce sentiment qu’il n’y a pas de vision, pas de stratégie suffisamment claire et partagée ! » a déclaré le sénateur du Gers.
« Le bradage du patrimoine public qu’illustre une nouvelle fois, sous l’impulsion de Bruxelles, l’injonction de libéralisation de la production hydraulique atteste également du processus de dépeçage progressif d’un des plus grands énergéticiens au monde. Dans ce même secteur, on a connu d’autres entreprises et pas des moindres qui ont disparu au terme de prises de décisions qui se sont avérées au final hasardeuses. »
« EDF n’est pas à l’abri et les grands projets dont vous avez parlé, qui sont autant de prises de risques, Inkley point en fait partie, pourraient accentuer ce processus, pour certains d’entre eux. C’est cela qu’il faut éviter en revenant aux objectifs qui ont présidé il y a 70 ans à la nationalisation des entreprises du secteur de l’énergie de l’époque. »
« Indépendance énergétique de la France et exportation, égalité d’accès à une électricité de qualité, à des coûts maîtrisés pour tous et sur tout le territoire (péréquation tarifaire), pas de sollicitation financière de l’Etat sur longue période, modèle social exemplaire qui n’a pas peu contribué aux réussites depuis 1945, tels ont été les ingrédients de la réussite. »
« Et en définitive EDF a contribué de façon essentielle, majeure, à la compétitivité de l’économie française, à la souveraineté nationale de la France et à son rayonnement international. Le cap industriel doit rester celui-là tout en intégrant les enjeux de la transition énergétique ! Son respect dans la durée suppose qu’Etat et gouvernements s’opposent par tout moyen à la financiarisation des marchés de l’énergie. »
« Vous avez M. le Président évoqué ce point en parlant du modèle de marché actuel qui n’est pas durable. Là se situe la question politique majeure dont la réponse orientera le devenir d’EDF ! Elle se pose tout autant au niveau européen que national. La stratégie industrielle EDF doit en être la déclinaison, au bénéfice premier, ne l’oublions pas, des consommateurs et de nos entreprises. »