Par la voix du sénateur de l’Aude Henri Cabanel et avec le soutien et l’appui du sénateur Franck Montaugé, les élus du groupe socialiste et républicain du Sénat ont interpellé le Gouvernement sur la réforme à venir du fonctionnement des coopératives agricoles qui suscite les vives inquiétudes d’une grande partie du monde agricole. Cette réforme actée dans le cadre de la loi dite Egalim avait été fortement critiquée au Sénat par le groupe socialiste et républicain. « Nous condamnions notamment le choix du Gouvernement de passer par la voie d’ordonnances, sans consulter les parlementaires et le monde agricole » indiquent les élus du groupe.
« Le texte dans sa version actuelle en cours d’examen par le Conseil d’Etat remet en question et dénature potentiellement les fondements mêmes de la coopération agricole française, note Franck Montaugé dans un communiqué de presse. Par l’intervention rendue possible du médiateur des relations commerciales agricoles dans la relation entre l’adhérent coopérateur et sa coopérative, l’ordonnance permet en effet l’intrusion des pouvoirs publics dans la gestion des coopératives et des unions de coopératives. C’est une remise en question du caractère original du modèle de coopération agricole qui fait dans la plupart des cas et dans le Gers en particulier la preuve de son efficacité », dit-il.
Sans surprise, les inquiétudes entourant ce manque de dialogue se concrétisent aujourd’hui avec un projet de réforme soumis au Conseil d’Etat depuis la fin du mois de janvier. Ce projet dénature potentiellement les fondements mêmes de la coopération agricole française en assimilant les coopératives à des entreprises commerciales.
« Certes, il peut y avoir des abus dans certaines grosses coopératives dont la gouvernance est assez éloignée des adhérents. Il faut évidemment les corriger, mais pas au prix d’une remise en cause de la singularité du modèle coopératif français fondé sur l’humain et la solidarité » a rappelé pour sa part Henri Cabanel en séance publique.
Invité à répondre, Marc Fesneau, ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement a estimé pour sa part que « le Gouvernement soutenait fortement le modèle coopératif de solidarité, de mise en valeur de tous les territoires et de répartition juste de la valeur ajoutée ». Un avis que ne partagent pas les élus socialistes: « Les sénateurs socialistes sont conscients de la nécessité de procéder à certains ajustements, particulièrement pour redonner toute leur place aux agriculteurs dans le fonctionnement coopératif. Mais ils sont également attachés aux spécificités de ce même modèle qui permet à la France d’être la puissance agricole qu’elle est », ont-ils déclaré dans un communiqué.
C’est pourquoi, comme il l’avait déjà fait lors de l’examen de la loi dite Egalim, le groupe socialiste et républicain du Sénat s’oppose à une réforme par ordonnance. Il demande au Gouvernement de rouvrir le débat avec les représentants de la coopération agricole et les parlementaires, afin que cette réforme se fasse en concertation avec tous les acteurs impliqués et non de façon opaque dans les services de Bercy ou du ministère de l’agriculture.
«Pour ces raisons, indique Franck Montaugé, je demande également avec mon groupe que le Gouvernement rediscute le texte de cette ordonnance avec les représentants de la coopération agricole et les parlementaires soucieux de la préservation des principes fondateurs de notre modèle coopératif agricole actuel et de son efficience.»