Invité à s’exprimer lors de l’assemblée générale de la fédération du BTP du Gers, le sénateur-maire d’Auch Franck Montaugé n’a pas caché son inquiétude après l’annonce par le gouvernement de nouvelles diminutions à venir des dotations de l’Etat. « Depuis 2013, la ville d’Auch a perdu près de 4,5 millions d’euros de dotations et l’agglomération en a perdu près de 2,5 millions. En cumulé, cela fait plus de 6,5 millions d’euros soit l’équivalent d’une année d’investissements d’une ville comme Auch. Quand le gouvernement nous annonce 13 milliards de dotations en moins pour les collectivités, je me dis que la saignée va continuer et que vous continuerez à en payer les conséquences, pour vos chiffres d’affaires et vos emplois », a expliqué le sénateur-maire d’Auch aux chefs d’entreprises réunis à Saint-Jean le Comtal. « Je peux vous dire qu’en tant que maire et président d’agglomération, lorsqu’on a devant soi un programme de renouvellement urbain comme celui du Grand Garros à Auch, ces sommes vont nous manquer. Nous allons devoir faire des choix de restructuration dans ce quartier à partir d’options qui sont en train d’être étudiées. Nous n’irons pas forcément au mieux, mais à ce qu’on peut faire en fonction des moyens dont on dispose », dit-il, rappelant qu’il s’est toujours opposé, y compris pendant le mandat présidentiel précédent, à la baisse des dotations aux collectivités.
Et Franck Montaugé de faire le détail de ce que peut peser dans un département comme le Gers la commande publique sur le chiffre d’affaires des entreprises locales: « Depuis 2008, la ville d’Auch a investi près de 100 millions d’euros avec un ratio d’équipement par habitant qui est supérieur de plus de 20% à la moyenne de la strate de villes comparables, dit-il. L’agglomération a quant à elle investi près de 25 millions d’euros sur cette période. 88% de notre commande publique d’investissement est réalisée auprès d’entreprises de la région: pour la ville, c’est 83% dans le Gers et près de 50% dans le Gers également pour l’agglomération. »
Concernant plus directement l’habitat, la ville d’Auch en est actuellement à sa sixième opération programmée d’amélioration de l’habitat (Opah). « Depuis 2014 nous avons traité à Auch 168 dossiers pour 184 logements et cela représente un coût de travaux hors taxes de 6,5 millions d’euros, ce qui est considérable », explique Franck Montaugé, inquiet de ce que la baisse annoncée des dotations ne finisse par remettre en cause les politiques des collectivités en matière d’investissements et de logement.
Une loi de programmation et de développement pour les territoires ruraux
Elargissant son propos, Franck Montaugé est revenu sur la situation spécifique des territoires ruraux et hyper-ruraux et de leur place dans la création de valeur nationale. Citant Jean Pisani-Ferry, l’ancien président de France Stratégie aujourd’hui conseiller économique du Président de la République, il rappelle que « les 14 plus grandes villes de France totalisent 40% de la population et 60% de la croissance. Il ne faut pas résister à la métropolisation, au contraire il faut miser sur elle, mais en évitant que les métropoles agglomèrent la prospérité et laissent à l’Etat la charge des territoires en déshérence. Voilà la problématique qui est la nôtre dans un département comme le Gers », dit-il en invitant les chefs d’entreprises et tous les acteurs économiques à s’intéresser de près au schéma régional de développement économique et au futur schéma régional d’aménagement et de développement du territoire, deux documents cadres dans lesquels il est notamment question d’infrastructures de transport, de transition énergétique, ou d’intermodalité. « Ce sont des démarches importantes qui concernent directement la capacité de notre territoire à se développer dans les années à venir », explique Franck Montaugé qui a fait des propositions concrètes pour le département (lire ici).
« Je pense, dit-il, qu’il faut consolider toutes les filières existantes gersoises parce que tout est lié: votre activité dépend directement de la vitalité économique de notre territoire. L’agriculture est en grande souffrance (c’est un sujet sur lequel je travaille, par exemple pour la PAC – lire ici), la question de l’agroalimentaire aussi est posée car beaucoup de productions agricoles départementales sont transformées ailleurs que dans le Gers. Je pense aussi qu’en matière d’aéronautique, on a une très belle carte à jouer et ce qui existe déjà dans ce secteur le démontre. Il faut aussi créer les conditions de l’émergence et de l’implantation de nouvelles filières liées aux enjeux de développement économique régional et national. L’objectif collectif pour nous c’est d’augmenter la valeur ajoutée produite sur le territoire à la faveur des évolutions de son économie », poursuit le sénateur du Gers.
Concernant la transition énergétique un sujet « tout à fait essentiel pour la vitalité de vos entreprises », dit-il, Franck Montaugé sera attentif, dès la loi de finance 2018, à la question du financement de ce qu’on appelle le fond de financement de la transition énergétique (FFTE). « Nous avons aussi des choses à faire en matière de tourisme, de culture et de patrimoine, d’enseignement supérieur , de numérique, etc. Dans le cadre préalable d’une réflexion à la fois prospective et stratégique, j’en appelle à une démarche collective et structurée à l’égard des différentes filières gersoises qui doivent être soutenues et développées. En ce sens, je salue le rapprochement des trois chambres consulaires et le cadre de concertation et de pilotage que constitue l’agence Gers développement placée sous la gouverne de la CCI et de son président Rémi Branet », ajoute Franck Montaugé.
Enfin, le sénateur du Gers pour qui le besoin d’économies de fonctionnement ne doit pas se traduire par un recul des politiques publiques qui serait hautement préjudiciable à l’attractivité des territoires, continue de défendre l’idée que la Nation a besoin « d’une grande loi de programmation et de développement des territoires ruraux et hyper-ruraux » (lire ici).
Du concret avec la PTRE
Parmi les actions très concrètes lancées en faveur des entreprises locales du bâtiment, l’agglomération Grand Auch Coeur de Gascogne a lancé, le 24 février dernier, une plateforme territoriale de rénovation énergétique (PTRE). Il s’agit d’un dispositif prévu par la loi de transition énergétique. Grand Auch Coeur de Gascogne s’est fixé comme objectif la rénovation de 100 logements par an en plus des opérations programmées d’amélioration de l’habitat. Un site internet a été créé auquel se connectent tous les particuliers et les entreprises intéressés par le sujet (voir ici). Pour les particuliers intéressés, la Maison du Logement, partenaire de l’opération, procède gratuitement à un diagnostic thermique, puis propose des scénarios de travaux et y associe des plans de financement. Cet outil permet de proposer aux entreprises spécialisées dans ce domaine des contacts à valeur ajoutée dont les dossiers ont été pré-digérés. « C’est un exemple significatif de notre volonté de vouloir contribuer avec vous et pour vous à la relance de l’activité du bâtiment et des travaux publics dans le Gers », conclut Franck Montaugé.